2022, un monde de ruptures

Entretien avec Ghislaine Bailly

L’année 2022, à l’image des deux précédentes, aura été synonyme de désordre et de chocs successifs, avec comme point d’orgue le retour de la guerre sur le continent européen et l’ancrage durable de l’inflation, qui avait fait son retour en 2021. Après deux années de crise sanitaire qui ont frappé le monde, 2022 a vu la conjonction de plusieurs phénomènes dont la probabilité qu’ils surviennent concomitamment était relativement faible. 

Tout d’abord la fin de la longue période de désinflation et son corollaire, à savoir celle des taux d’intérêt extrêmement faibles que nous avons connus. La fin également de la paix sur le continent européen, accélérant la course aux armements que nous observions déjà depuis  quelques années, sonnant le glas d’une forme de mondialisation heureuse et le retour d’un monde nettement plus conflictuel, dans lequel l’Occident n’emporte plus l’adhésion de la majorité des pays, comme nous avions pu y être habitués depuis l’après-guerre.

Enfin, 2022 a vu se produire des événements climatiques de forte intensité dans un temps rapproché, qui sont venus rappeler les enjeux de la crise climatique que nous semblons traverser et qui mettent sous pression le modèle de développement fondé sur les énergies fossiles et la consommation.

Ce contexte a modifié en profondeur le cadre géopolitique, économique et réglementaire de l'économie mondiale dans lequel évoluent les entreprises, ce qui se ressent à la fois sur leur financement mais aussi sur les marchés financiers eux-mêmes. Nos équipes auront l'occasion d'y revenir plus longuement dans ce rapport annuel 2022.

Alors que l'euro, victime comme les autres grandes devises de la puissance du dollar, a longtemps été un sujet d'inquiétude pour les investisseurs, c'est aujourd'hui la structure même de l'Union européenne qui est sous pression, suite à la recomposition géopolitique et du retour en force des concepts de souveraineté et de secteurs stratégiques.

Le conflit russo-ukrainien et ses conséquences, notamment en termes de sécurité énergétique, tout comme l’organisation du marché européen de l’électricité, sont l’illustration des intérêts divergents des membres de l’Union, mais aussi le révélateur de dysfonctionnements
dans les décisions prises à Bruxelles, parfois contraires aux intérêts mêmes de l’Europe, comme dans le cas du nucléaire. L’ensemble des mouvements à l’oeuvre sur le plan mondial n’est pas sans conséquence pour le secteur de la gestion d’actifs et, de ce fait, pour Covéa Finance, comme nous l’expliquons dans les pages suivantes de ce document.

 

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Tribune de Ghislaine Bailly