Allemagne : la grande coalition sous pression

Réaction économique
Europe

Les résultats des élections régionales dans la Hesse sonnent, après celles de Bavière, comme un nouveau revers électoral pour les grands partis historiques allemands.

Avec 27% des suffrages, le CDU, bien qu’il conserve la tête, cède plus de 11% des voix en comparaison avec le précédent scrutin de 2013. Pour le Parti Social Démocrate (SPD), la sanction est d’une ampleur similaire. Sur le même schéma, qui se répète désormais d’élection en élection, le parti Alternative für Deutschland (AfD) tire son épingle du jeu et récolte plus de 13% des suffrages, gagnant ainsi une représentation au parlement régional avec 19 députés élus. Au-delà de ce scrutin régional, c’est bel et bien à une recomposition du paysage politique auquel nous assistons en Allemagne. La coalition actuellement au pouvoir au niveau fédéral, regroupant le parti démocrate-chrétien (CDU), l’Union Chrétienne Sociale (CSU) ainsi que le parti socio-démocrate (SPD), paraît plus que jamais fragilisée. Cette énième déconvenue pourrait pousser le SPD à quitter la coalition au pouvoir et précipiter la fin du gouvernement actuel. Dans la matinée, en réaction à ce résultat, Angela Merkel a annoncé qu’elle ne briguerait pas un nouveau mandat à la tête de son parti.

« Le résultat du scrutin d’Hesse confirme une tendance de fond, un changement progressif dans le paysage politique allemand, avec la perte de vitesse des deux grands partis historiques, la CDU/CSU et le SPD, au profit de l’AfD »

Frédéric Kleiss

Nombre de sièges cumulés aux 16 parlements régionaux allemands

 

Nouvelle déconvenue aux élections régionales dans la Hesse

« La CDU et le SPD perdent à eux deux plus de 20% des suffrages »

Frédéric Kleiss

Ce week-end, les élections dans le Land de la Hesse ont sonné comme un nouveau coup de semonce pour la coalition au pouvoir au niveau fédéral en Allemagne. Le parti démocrate-chrétien (CDU) et le parti socio-démocrate (SPD) apparaissent une fois encore comme les grands perdants de cette séquence d’élections régionales Outre-Rhin. A l’issue du scrutin de ce weekend, le parti d’Angela Merkel, la CDU, cède près de 11% des suffrages relativement à l’élection de 2013, en conservant toutefois la tête avec 27% des votes exprimés, un score lui assurant une représentation de 40 députés au parlement. Le SPD, de son côté, arrive en troisième position derrière les verts en cédant également plus de 10% des suffrages relativement à 2013, avec 19,8% des votes exprimés. Les grands gagnants de ce scrutin apparaissent être, comme en Bavière, le parti des verts (Grünen), gagnant 15 sièges de députés supplémentaires, et le parti Alternative für Deutchland (AfD), qui fait son entrée au parlement de la Hesse avec 19 députés. A l’issue de ce scrutin, deux choix s’offrent à la CDU : prolonger la coalition majoritaire au pouvoir depuis 2013 l’associant aux Verts, ou constituer une nouvelle coalition avec le parti social démocrate.

A l’image des scrutins régionaux des dernières années (Bavière, Basse Saxe, Rhénanie du Nord, Sarre, Schleswig Holstein…), la montée en puissance du parti AfD dans le paysage politique allemand est spectaculaire. Sur les différentes élections régionales qui se sont succédées depuis le début de l’année 2016, l’AfD a ainsi glané 179 sièges de députés, pour leur grande majorité aux dépens des deux grands mouvements historiques de la CDU/CSU et du SPD. Au niveau régional, la déformation du paysage politique et la montée de l’AfD commence à avoir certaines répercussions sur la formation des coalitions majoritaires, même si les partis historiques refusent systématiquement d’envisager une quelconque coalition avec l’AfD. Elle a néanmoins poussé à la formation de coalitions parfois « tricolores » nécessaires pour l’atteinte d’une majorité. Ce fut le cas dans la région de Saxe Anhalt, où la coalition sortante entre la CDU et le SPD s’est élargie à l’issue des élections de 2016 en une coalition tripartite incluant également les verts. En Bavière, cette recomposition du paysage politique s’est traduite par la perte par la CSU de sa majorité absolue en nombre de sièges au parlement et par son pire score depuis 1950. La CSU se doit désormais de trouver un partenaire pour établir une coalition de gouvernement.

Tensions au niveau fédéral

« La coalition entre le SPD et la CDU/CSU plus fragile que jamais »

Frédéric Kleiss

Ces résultats électoraux successifs illustrent l’hémorragie à laquelle font face les conservateurs et les sociaux démocrates, menaçant d’attiser les tensions au sein de la grande coalition entre la CDU/CSU et le SPD au pouvoir au niveau fédéral. De nombreux cadres du SPD voient dans ces résultats régionaux autant de votes sanctions vis-à-vis de la politique fédérale menée par Angela Merkel. Dans le camp social démocrate, des voix plaident pour un retour du SPD dans le camp de l’opposition. Andrea Nahles, présidente du SPD, a ainsi réuni ce lundi la direction de son parti afin de décider du devenir de leur partenariat avec le parti d’Angela Merkel et indique souhaiter un plan pour la continuité de cette coalition. De son côté, Angela Merkel a annoncé, comme réaction à ce vote, qu’elle ne se représenterait pas au poste de présidente de son parti aux prochaines élections et qu’elle quitterait la vie politique à l’issue de son mandat de chancelière en 2021. L’année 2019 s’annonce d’ores et déjà à hauts risques pour le gouvernement fédéral. 5 élections régionales (Brandebourg, Brême, Hambourg, Saxe et Thuringe) pourraient sonner comme autant de répliques aux résultats de ce mois d’octobre, contribuant à fragiliser encore un peu plus la coalition fédérale. En cas de rupture de cette coalition, de nouvelles élections législatives et un départ anticipé d’Angela Merkel ne seraient pas à exclure.

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Rédigé par

Frédéric Kleiss

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