Interview "Le PEF en direct"
A l'occasion de la présentation de nos Perspectives Economiques et financières, Francis Jaisson, Directeur des Gestions et de la Commercialisation, nous explique quelles seront les grandes lignes de ce rendez-vous.
Quelles sont les grandes tendances économiques et financières depuis le dernier PEF ?
Francis Jaisson: La croissance américaine s'est poursuivie. C'est une croissance dont nous avons souligné à plusieurs reprises la qualité soutenue par la cohérence de politiques économique, monétaire et fiscale mais largement fondée sur l’endettement. Les fondamentaux de la demande interne américaine sont solides comme en témoignent les créations de postes dans les secteurs à forte rémunération et le revenu médian des ménages qui atteint un plus haut historique.
En revanche, en zone euro, la matérialisation des risques externes est déjà en partie visible dans le climat des affaires et dans l'activité industrielle et la croissance poursuit son freinage amorcé sur la deuxième partie de l'année 2018.
Dans la continuité de nos précédentes Perspectives Economiques et Financières, le risque émergent reste présent au regard de la dette extérieure, de la balance courante et des réserves de change de ces pays. Par ailleurs, le ralentissement chinois s'est poursuivi avec une amplitude variée selon les provinces et les secteurs économiques. Il a souvent révélé l'effet de levier intenable sur la durée de montages financiers et exacerbé le risque d'éclatement de bulles sur certains actifs. La vigilance est de rigueur sur l'ensemble de la zone asiatique tant leurs liens commerciaux et financiers sont multiples.
Quelles sont les perspectives pour les prochains mois ?
Francis Jaisson: Notre vision de l’économie américaine reste favorable. Les développements structurels en termes de qualité d’emplois créés, d’indépendance énergétique et de politique économique, sont autant d’éléments qui permettent aux Etats-Unis d’afficher une meilleure capacité de résistance dans un environnement mondial moins porteur. Dans ce contexte de ralentissement mondial, la demande extérieure vers les entreprises manufacturières américaines devrait pourtant être plus faible cette année sur fond de baisse du prix moyen du baril qui devrait lui aussi modérer le dynamisme de la filière pétrolière via un multiplicateur d'investissement moins fort.
En zone euro, le freinage de l’activité amorcé en 2018 se poursuit. Les risques sur la croissance sont nombreux dans un environnement politique délétère pesant sur le climat des affaires. Le secteur automobile européen, contributeur important à l’investissement et à l’emploi, est en souffrance en raison de l’instauration des normes WLTP et d’un essoufflement de la demande. L’exposition de la zone euro au commerce extérieur, dans un contexte très incertain sur la dynamique de la demande chinoise et celle en provenance du Royaume-Uni, va peser sur la dynamique de l’investissement. La croissance apparaîtra moins qualitative, davantage soutenue par la consommation. Dans ce contexte, l’Allemagne est le candidat idéal à un freinage plus marqué si tous les risques sur la croissance venaient à s'accentuer: avec un taux d'ouverture élevé et une exposition sectorielle automobile, son économie est très sensible aux évolutions du cycle mondial et pourrait peser sur le PIB de la zone euro dont elle représente 30% et notamment sur ceux d'Europe centrale avec qui elle a noué des partenariats industriels. Pour autant, l'Allemagne dispose d'une marge de manœuvre budgétaire en cas de freinage marqué à l'inverse de la plupart des autres pays de l'Union européenne.
Quel est le scénario central de ces Perspectives Economiques et Financières ?
Francis Jaisson: L’économie mondiale sur ce début d’année 2019 se situe dans la droite ligne de ce que nous avions décrit en 2018. La remise en cause du multilatéralisme s’inscrit dans un mouvement durable où les accords bilatéraux prennent le pas sur les accords globaux. Dans ce cadre, le rapport de force entre les Etats-Unis et la Chine sur le plan commercial s’accentue. Dans cet environnement moins coopératif, les industries ayant développé des chaînes de valeurs mondialisées pourraient se trouver affectées, à l’image de l’industrie automobile. Sur le plan politique, les tensions sont restées vives et de nombreux temps forts en 2019 devraient maintenir un niveau important d’incertitude politique. Enfin sur le plan monétaire, dans ce contexte moins favorable, les banques centrales feront preuve de prudence.
L’année boursière 2019 débute avec un stock de dettes publiques et privées considérable qui souffrira de tout resserrement supplémentaire des conditions financières. Les politiques monétaires de la dernière décennie ont favorisé l’usage de l’effet de levier et la complaisance vis-à-vis des actifs dont les risques sont sous-évalués du fait de la présence des banques centrales comme co-acheteurs permanents. Nos dernières Perspectives Economiques et Financières avaient par ailleurs insisté sur la raréfaction des liquidités en dollar. Cette situation devrait encore impacter les nations emprunteuses et les entreprises qui commercent à l’international.
Ces Perspectives Economiques et Financières de début d’année diagnostiquent donc une année à venir difficile et émettent un message d’alerte en conséquence. Plus qu’uniquement sur la performance, notre attention portera sur la résistance des portefeuilles.
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