Environnement économique Juillet 2020

Environnement économique
Monde

Retrouvez notre restrospective de l'environnement économique de juillet 2020 des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie

Nos perspectives économiques et financières

Le choc récessif lié à la crise sanitaire vient s’appliquer sur des fragilités majeures, pré-identifiées dans nos Perspectives Economiques et Financières : dettes des agents publics et privés, structures des revenus et inégalités, remise en cause de la mondialisation fondée sur le multilatéralisme et chocs politiques et géopolitiques. Les circuits classiques de sortie de crise pourraient s’avérer rapidement inopérants car les bases sont déjà malsaines. Dans ce contexte, nous tablons sur une dépression économique sévère qui devrait amplifier les fragilités observées suite à la crise financière de 2008.

Au mois de juillet, la publication des chiffres d’activité pour le second trimestre 2020 a confirmé l’ampleur du coup porté à l’économie mondiale par la crise sanitaire. En Zone euro comme aux Etats-Unis, les économies ont enregistré une chute historique de l’activité, chute bien plus importante que lors de la crise financière de 2008-2009. Dans ce contexte, le redressement des indicateurs avancés au début du troisième trimestre doit être interprété avec beaucoup de prudence dans la mesure où il traduit un rebond mécanique après la mise à l’arrêt d’une large portion de l’économie. Avec une situation sanitaire encore précaire, en particulier aux Etats-Unis, et des mesures de soutien qui devraient progressivement arriver à leur terme, la pérennité de la phase de rattrapage que connaît l’économie mondiale est sujette à caution. Sur le marché des changes, l’Euro s’est apprécié de 5,7% et termine le mois à 1,176 dollar pour un euro. Le prix du baril de pétrole Brent atteint 43,3$, soit une progression mensuelle de 4,7%.

Amérique Aux Etats-Unis, le Produit Intérieur Brut américain a enregistré une contraction historique de 9,5% en glissement trimestriel, soit la plus forte baisse depuis 1946, et accentue le recul entamé au premier trimestre (-1,2%). Les mesures de distanciations sociales mises en place pour lutter contre l’épidémie de covid-19 ont entrainé une chute de la demande interne sans précédent, tant du côté des ménages (consommation en repli de 10%) que des entreprises (investissement non résidentiel en recul de 7%). Sur le plan sanitaire, le nombre de nouveaux cas journaliers de covid-19 a accéléré sur la première partie du mois avant de se stabiliser sur un niveau élevé. Cette situation a conduit de nombreux Etats à interrompre, voire inverser, la levée des mesures de distanciation, ce qui pèse sur l’activité. Ainsi pour la première fois depuis mars, les inscriptions hebdomadaires au chômage ont progressé de nouveau. Dans ce contexte, des discussions sont toujours en cours au Congrès pour voter un nouveau plan de soutien budgétaire. A l’international, une nouvelle escalade des tensions entre Chine et Etats-Unis a émaillé le mois de juillet. Le gouvernement américain a ordonné la fermeture du consulat chinois de Houston afin de « protéger la propriété intellectuelle américaine », ce à quoi la Chine a répliqué par la fermeture du consulat américain de Chengdu. Par ailleurs, en répercussion de la reprise en main de Hong Kong par le gouvernement chinois, le Président américain Donald Trump a décrété la fin du traitement préférentiel accordé par les Etats-Unis à Hong Kong.

 

EuropEn Zone euro, sans surprise, les mesures de confinement inédites mises en place face à la pandémie de la Covid-19 ont conduit à une chute historique de l’activité. Ainsi, en Zone euro, le PIB s’est contracté de 12,1% au deuxième trimestre par rapport au trimestre précédent (-15% par rapport au deuxième trimestre 2019). Par pays, le recul est plus prononcé en Espagne, en France et en Italie qu’en Allemagne, où les mesures de confinement ont été moins drastiques. Du côté du marché du travail, la hausse du taux de chômage reste relativement contenue en juin avec un taux à 7,8%. Les indicateurs de confiance ont par ailleurs amorcé une nette reprise au début du troisième trimestre. Ces signaux doivent toutefois être interprétés avec prudence. A court terme, la fin des mesures de soutien devrait accélérer la hausse du chômage et des défaillances d’entreprises et ainsi mettre en péril la fragile phase de rattrapage actuelle dans une zone où les fondamentaux structurels sont, au demeurant, dégradés. Sur le plan sanitaire, de nombreux foyers de contamination sont apparus en Europe, laissant craindre une éventuelle seconde vague. Au niveau politique, le mois a été marqué par l’accord des dirigeants de l’UE sur la mise en place d’un plan de relance de 750 Mds€, dont 390 Mds€ de subventions et 360 Mds€ de prêts. Ces fonds seront essentiellement empruntés sur les marchés financiers à l'échelle de l'UE avec un remboursement via les contributions des Etats-membres et, éventuellement, la création de nouvelles taxes. Enfin, la Banque Centrale Européenne (BCE) a laissé sa politique inchangée lors de la réunion du 16 juillet. La BCE demeure très prudente quant aux perspectives à moyen terme, notamment en ce qui concerne la dynamique des prix. Au Royaume-Uni, les négociations du Brexit restent au point mort alors que la fin de la période de transition, fixée au 31 décembre 2020, approche à grands pas. 

 

AsieEn Chine, l’activité s’est reprise au second trimestre 2020, un rebond en partie mécanique après un premier trimestre marqué par les effets des mesures de confinement. La croissance trimestrielle du PIB chinois a ainsi rebondi à 11,5% au T2 2020, tirée par la dynamique de l’industrie. Dans ce contexte, la Banque Populaire de Chine a maintenu sa politique monétaire largement inchangée en juillet. Seuls des assouplissements très ciblés ont été enregistrés pour les PME et le secteur agricole. Au Japon, les indicateurs d’activité se sont légèrement repris sur la fin du second trimestre mais demeurent en-dessous des niveaux d’avant crise. La hausse du taux de chômage a été relativement contenue depuis le début de la crise, passant de 2,4% en début d’année à 2,9%. Enfin, la Banque du Japon (BoJ) a maintenu le statu quo de sa politique monétaire. La BoJ a toutefois alerté sur les risques baissiers sur l’activité et les prix avec une révision à la baisse de ses projections.

 

Rédigé par

Pierre Bossuet
Analyste économique

Le 31 juillet 2020