Environnement économique - Juillet 2021

Environnement économique
Monde

Retrouvez notre rétrospective de l'environnement économique du mois de juillet 2021 des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie

Nos perspectives économiques et financières

A la mi-2020, nous avons souligné le risque de poches de dépression consécutif à la mise à l'arrêt d'économies déjà fragiles. L’ampleur des plans de relance budgétaire, notamment américain, et des politiques monétaires toujours plus accommodantes questionnent toutefois cette hypothèse. Dans ce contexte, une analyse fine de ces mesures sera nécessaire pour vérifier la capacité des Etats à éloigner ces risques de dépression, y compris lorsque ces dispositifs de soutien extraordinaire arriveront à leur terme. Dans le cadre de nos perspectives de juin 2021, nous nous sommes attachés à analyser les plans des trois grandes zones économiques et à comprendre quelle part la politique énergétique y prend, un secteur déterminant pour la souveraineté des Etats et aux effets multiplicateurs importants sur les tissus industriels, avec parmi eux, le secteur automobile.

Une nouvelle dégradation de la situation sanitaire menace de compromettre la reprise

Au mois de juillet, l’accélération de la propagation du variant « delta » accroît les risques pesant sur la reprise mondiale, en dépit des progrès des campagnes de vaccination. Le rebond du nombre de cas de Covid-19 touche la plupart des grandes économies mondiales. Les contraintes d’approvisionnement, sources de pression haussière sur les prix, demeurent quant à elles aiguës et continuent de pénaliser l’industrie manufacturière. Sur le marché des changes, l’Euro est globalement demeuré stable face au dollar à 1,1891 dollar pour un euro, soit +0,06% sur le mois. Le prix du pétrole Brent enregistre une hausse de 1,6% et s’établit à 76,33 dollars le baril.

AmeriqueAux Etats-Unis, l’inflation ne faiblit pas, tandis que l’activité poursuit sa reprise, appuyant le souhait de la Réserve Fédérale américaine de se préparer à un repli graduel du soutien monétaire apporté à l’économie. Le PIB américain a enregistré une progression de 1,5% lors du deuxième trimestre 2021, un rythme comparable à celui du premier trimestre, et dépasse désormais son niveau d’avant crise. Cette dynamique trimestrielle a été tirée une nouvelle fois par la consommation, dopée par les soutiens au revenu votés en mars. L’inflation américaine a maintenu une dynamique haussière au mois de juin, avec un indice des prix à la consommation et un indice sous-jacent (hors alimentation et énergie) qui enregistrent une progression de 0,9% sur le mois. Ce mouvement repose très largement sur une accélération marquée des prix d’un nombre restreint de biens et services, particulièrement sensibles aux tensions spécifiques qui affectent actuellement l’économie. Ainsi le prix des véhicules d’occasion, avec une hausse de 10,5% sur le mois en lien avec la pénurie de semi-conducteurs, contribue à un tiers de l’augmentation mensuelle de l’indice des prix, tandis que les prix des locations de véhicules progressent de 5%, les billets d’avion de 2,7% et les hôtels de 7%, signaux du redémarrage du secteur touristique. Le marché du travail continue quant à lui de s’améliorer, avec une accélération des créations d’emplois sur le mois. Avec 850 000 postes créés, le mois de juin se distingue comme le plus dynamique depuis août 2020, tandis que la dynamique des rémunérations reste favorable avec une hausse mensuelle de 0,3% du salaire horaire moyen.

europeEn zone euro, les indicateurs de climat des affaires continuent de décrire une accélération de l’économie européenne sur fond de réouverture, mais l’évolution de la situation sanitaire fait peser des doutes sur la pérennité de la reprise. En juillet, l’indice PMI composite pour la Zone euro atteint 60,6, un plus haut historique qui suggère une accélération généralisée de l’activité du secteur privé relativement au mois précédent. Selon les estimations préliminaires, l’économie de la Zone euro a enregistré une croissance de 2,0% au deuxième trimestre, soutenue par l’allégement progressif des mesures de restrictions sanitaires. Par pays, la croissance de l’activité est particulièrement prononcée en Espagne (+2,8%) et en Italie (+2,7%), tandis qu’elle enregistre un gain plus modeste en France (+0,9%) et en Allemagne (+1,5%). La consommation des ménages semble avoir été le fer de lance de cette reprise, tandis que les exportations auraient été pénalisées par les difficultés d’approvisionnement du secteur manufacturier. Du côté des prix, l’inflation annuelle atteint 2,2% en juillet après 1,9% en juin. L’accélération de l’inflation est surtout liée à la hausse des prix de l’énergie, tandis que l’inflation sous-jacente ralentit à 0,7%. Les effets de base liés à la réduction temporaire de la TVA allemande au cours du deuxième semestre 2020 ont également joué à plein sur la dynamique des prix, avec une inflation allemande s’établissant à 3,1%. Pour ce qui est de la politique monétaire, la BCE a annoncé les résultats de sa revue stratégique lancée en janvier 2020. La BCE ciblera désormais un objectif d’inflation symétrique fixé à 2%, plutôt qu’une convergence « vers un niveau suffisamment proche de, mais inférieur à 2 % ». La BCE modifiera sa mesure de l’inflation pour prendre en compte le coût des logements occupés par leur propriétaire et a également annoncé un plan d’action sur le changement climatique, avec un ensemble de mesures visant à inclure le réchauffement climatique et ses effets dans la conduite de la politique monétaire de la BCE.

Au Royaume-Uni, le gouvernement a mis en œuvre le 19 juillet la levée effective des dernières restrictions sanitaires, malgré une augmentation rapide du nombre de cas de Covid-19 au cours du mois. Du côté de l’activité, l’évolution au cours du mois de mai s’est avérée décevante relativement aux espoirs de rebond attendus sur fond de réouverture. L’indice du PIB mensuel enregistre une progression de 0,8% par rapport à avril, après deux mois de croissance autour de 2%.

asieL’économie chinoise fait preuve de résistance, avec une croissance du PIB qui s’établit à +1,3% au 2ème trimestre, en légère accélération après +0,4% au 1er trimestre. Les chiffres des principaux indicateurs économiques chinois pour le mois de juin font également part d’une poursuite de la reprise de l’économie chinoise, avec une composition de la croissance évoluant graduellement dans une direction plus soutenable : les ventes au détail prenant le relais de la production industrielle et l’investissement productif accélérant aux dépens de l’investissement immobilier. La banque centrale chinoise a par ailleurs créé la surprise en annonçant une baisse de 0,5 pt des ratios de réserves obligatoires (RRR), notamment dans le but de réduire les coûts de financement des petites entreprises qui ont pâti de la hausse du prix des matières premières. Enfin, en Chine, de fortes inondations dans la province du Henan pourraient causer des perturbations dans l’approvisionnement, quoique l’impact sur le PIB demeurerait modéré.

Au Japon, les indicateurs de climat des affaires font toujours part d’une reprise économique hésitante, en lien notamment avec la prolongation de l’état d’urgence sanitaire à Tokyo et dans plusieurs autres préfectures jusqu’au 22 août. L’indice PMI composite pour le mois de juillet s’enfonce un peu plus en territoire négatif, s’établissant à 47,7 au mois de juillet. La Banque du Japon (BOJ) a quant à elle laissé comme attendu sa politique monétaire inchangée lors de sa réunion de juillet, les prix à la consommation demeurant atones avec une inflation sous-jacente en baisse de -0,2% en glissement annuel en juin.

Sources des données: Refinitiv, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Eurostat, BCE, Markit, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China.

Rédigé par

Léo BARINCOU
Analyste économique

Le 03 août 2021