"Le regard du gérant" - L’Europe chimique entre déclin et espoir de renaissance

Perspectives Économiques et Financières

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L’industrie chimique européenne, traverse une tempête sans précédent.

Depuis 2023, près de 5 % des capacités de production ont été fermées, les revenus ont chuté de moitié et les fermetures de sites se sont multipliées sans espoir de réouverture (20 sites). L’Europe a vu sa part de marché mondiale fondre de 28% à 13%, entre 2008 et 2023 (source : Coface). Ce secteur, pourtant essentiel au sein de l’industrie européenne, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 655 milliards d’euros en 2023, qui intervient dans plus de 96 % des produits manufacturés et qui emploie indirectement 19 millions de personnes doit se transformer pour s’adapter à un environnement de plus en plus complexe comme nous le décrivons dans nos Perspectives Economiques et Financières.

Pour cela, la Commission européenne a dévoilé début juillet un plan d’action stratégique, présenté comme un sursaut politique et industriel. « Les produits chimiques sont la mère de toutes les industries », a rappelé Stéphane Séjourné, vice-président de la Commission, soulignant l’urgence d’agir. 

Le plan s’articule autour de trois piliers : compétitivité, simplification et innovation. Une alliance pour les produits chimiques critiques sera créée pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement et réduire la dépendance aux importations, répondant ainsi aux enjeux de souveraineté mis en avant par l’Union européenne (UE). Les règles d’aides d’État seront révisées pour compenser les coûts indirects du marché carbone et les projets industriels stratégiques bénéficieront d’un soutien renforcé.

La Commission entend également alléger la charge réglementaire qui pèse sur les entreprises. Un plan de simplification vise à rationaliser les règles sur les produits chimiques dangereux, les cosmétiques et les engrais. L’objectif est de réaliser 363 millions d’euros d’économies annuelles, grâce à une meilleure lisibilité des normes et à la digitalisation des procédures.

L’innovation est également au coeur de cette stratégie. Des pôles d’innovation seront créés pour développer des alternatives chimiques plus durables. Une consultation publique est lancée pour encadrer l’usage de contenu recyclé, dans une logique de chimie circulaire.

Enfin, sur le plan environnemental, la Commission prévoit l’interdiction des PFAS (polluants éternels) dans les biens de consommation mais ne le prévoit pas dans les secteurs stratégiques. Les procédures d’autorisation seront accélérées pour moderniser les installations vieillissantes.

Si l’initiative est saluée par les industriels, des inquiétudes persistent : pas d'annonces financières concrètes, coûts de la transition énergétique, complexité des normes et capacité des petites et moyennes entreprises à suivre le rythme. La capacité de l’UE à mettre en oeuvre ce genre de plans peut également être questionnée.

Les dernières publications de résultats des entreprises du secteur en Europe confirment ce constat. Les bénéfices étaient plutôt en réduction par rapport à 2024 et de nombreuses sociétés ont revu à la baisse leurs perspectives pour cette année, faute de réaccélération des volumes.

Dans le cadre de nos Perspectives Economiques et Financières, nous analysons ces difficultés ainsi que l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur afin d’identifier les sociétés qui pourraient en bénéficier grâce à leur positionnement et aux investissements qu’elles réalisent pour s’y adapter.

Rédigé par :

Thomas THIROUIN

Gérant OPC Actions Europe