"OnDécrypte l'Hebdo" -Guerre et Paix

Perspectives Économiques et Financières

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Découvrez l'intégralité de notre suivi des marchés de la semaine - 24 février 2025

La conférence de Munich sur la sécurité qui s’est tenue du 14 au 16 février, a mis une nouvelle fois en évidence la reconfiguration de l’ordre mondial, une situation que nous décrivons dans les conclusions de nos Perspectives Économiques et Financières depuis maintenant plusieurs années. Cela fait directement écho à la notion de souveraineté qui est au cœur de ces enjeux. A l’heure où les États-Unis, à travers les propos de Donald Trump, poussent pour mettre fin à la guerre en Ukraine, les déclarations du secrétaire à la défense américaine, Pete Hegsbeth, et surtout celle de JD Vance, le vice-président américain ont clairement mis en lumière la nécessité pour l’Europe de renforcer son autonomie en matière de défense et de sécurité après 3 ans de conflit. Tout cela sans oublier de recommander l’acquisition de matériel américain pour le faire. Plusieurs questions se posent alors sur la mise en œuvre d’une telle trajectoire d’investissements. Des questions qui concernent à la fois les financements nécessaires pour le faire mais aussi et surtout la capacité industrielle et humaine pour les mettre en œuvre. Des enjeux qui rejoignent d’ailleurs un sujet plus large, celui de la relocalisation. En effet, ces investissements pourraient entretenir une dynamique sous-jacente que nous n’observons pas de manière significative en Europe jusqu’à présent, à la différence des États-Unis.


Du côté des financements, il est clair que d’aller durablement au-delà de l’objectif de 2% du PIB alloué aux dépenses militaires pour tendre vers celui de 5% tel qu’il est évoqué actuellement, n’est pas une mince affaire. Surtout dans une période où les déficits budgétaires des principaux États de l’Union Européenne (UE) sont déjà importants et les budgets parfois toujours en discussion. Cela demandera des arbitrages en faveur des budgets défense qui n’ont plus été faits depuis des années. La possibilité d’avoir recours à des enveloppes spéciales reste ouverte, notamment en Allemagne. Elle nécessite néanmoins d’avoir une adhésion forte de l’ensemble des partis au pouvoir, à l’image de 2022. Dans la logique de retrouver des marges de manœuvre budgétaires, la possibilité d’activer une clause de sauvegarde nationale prévue dans le nouveau pacte de stabilité de l’UE afin de demander à exclure les dépenses de défense de son déficit public, a également été évoquée lors de la conférence de Munich. Enfin le recours à des financements privés via de nouveaux produits d’épargne dédiés ainsi que l’émission d’obligations européennes communes sont également à l’étude.


Du côté des investissements nécessaires, la première stratégie industrielle européenne de défense (EDIS) présentée par l’UE au printemps 2024 invite notamment les États membres à acquérir au moins 40% de leurs équipements de défense de manière collaborative d’ici à 2030 et surtout à augmenter à la même échéance leurs achats d’équipements de défense au sein de l’UE pour qu’au moins 50% du budget qui y est consacré soit dépensé au sein de l’UE. D’ici là, les constats ne sont pas flatteurs : les entreprises européennes du secteur sont loin derrière leurs homologues américaines en termes de taille, certaines compétences critiques (notamment dans la production de poudre) ont été perdues et à l’image de ce que nous avons pu observer pour les acteurs de l’aéronautique civile, la pression sur la chaîne d’approvisionnement en cas de forte accélération de la demande ne doit pas être négligée, notamment en ce qui concerne les entreprises de taille intermédiaire. Notons néanmoins que l’écosystème nécessaire au financement de ces entreprises se développe avec les introductions en bourse de quelques acteurs comme Exosens (France) ou Renk (Allemagne) et celle à l’étude de KNDS, l’acteur franco-allemand, pour fin 2025. La croissance des sociétés comme Rheinmetall ou Hensoldt montre aussi l’intérêt pour la thématique, un pré requis pour le financement de leurs investissements dans leur outil industriel. Les carnets de commandes se remplissent et permettent la diffusion à l’ensemble de la chaîne, une visibilité nécessaire pour augmenter les capacités de production et répondre à ces enjeux et in fine préserver la paix.

Rédigé par

Julien CHEVALIER
Responsable du Pôle Actions Europe

Sommaire

Analyse de l’évolution des marchés :
  • Obligataire par Lucas COUVERT
  • Actions Europe par Antoine PEYRONNET
  • Actions Internationales par Jean Dominique SETA
  • Le regard de l'Analyste par Victor PAVLOV
 
Analyse Suivi Macroéconomique :
  • États-Unis par Sébastien BERTHELOT
  • Europe par Eloïse GIRARD-DESBOIS et Jean-Louis MOURIER
    • Focus : Allemagne, il faut maintenant former un gouvernement
    • Focus : Le Royaume-Uni reste englué entre faiblesse de la croissance et persistance des tensions inflationnistes.
  • Asie par Louis MARTIN 

 

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