Edito - Avril 2020

Edito

La mesure de l'enjeu
On ne rappellera pas les affligeants records de baisse des différentes places boursières à travers la planète. Toutes les mesures d’indices marquent en effet une chute historique des valorisations des actifs sur un temps remarquablement court.

On se souviendra que cette violence financière inouïe aura eu pour révélateur le coronavirus et pour accélérateur le retournement majeur de l’ordre pétrolier mondial qui a déstabilisé la géopolitique de l’énergie. Mais surtout qu’elle a été rendue possible par un cadre économique structurel extrêmement faible et des systèmes d’organisation à bout de souffle.

   Ce séisme financier frappe ainsi des acteurs affaiblis. Car le tableau est sombre. Les États sont toujours très endettés et n’ont profité ni de leurs expériences douloureuses passées, ni de la baisse du service de la dette pour entreprendre des politiques de réduction progressive de leur endettement. Les ménages souffrent depuis plusieurs années de la déflation de leurs revenus d’épargne alors que leurs emplois cachent souvent une réelle précarité. Enfin, les entreprises sont déstabilisées par des normes et « transitions » exigées en tout genre et se sont créées elles-mêmes un certain nombre de dépendances stratégiques à travers leurs politiques de délocalisations.

   La concomitance de l’effondrement des marchés actions et des taux souverains européens qui ne baissent pas, malgré les annonces exceptionnelles des autorités monétaires, marque bien la gravité du moment. Nous vivons un tournant dans l’appréciation que l’on porte à la mondialisation ou aux apports des organisations supranationales comme l’Union européenne. Nous avions souligné dans nos dernières Perspectives Économiques et Financières, le début d’un retour du politique. Force est de constater celui de l’État et de la puissance publique un peu partout.

   Mais l’État, même providentiel, ne peut pas tout. Au-delà de la question du financement de la dette et de son transfert générationnel, s’impose le constat qu’on ne peut réactiver ou mobiliser des capacités de production qui n’existent tout simplement plus sur notre territoire. Car bon nombre d’entreprises ont fait le choix toutes ces années d’entrer dans le jeu de l’éclatement de leurs chaînes de production sous couvert du bien-être de leurs clients et de leurs actionnaires. Or, le bilan de ces stratégies industrielles d’interdépendances apparait aujourd’hui critiquable tant les effets destructeurs sur l’emploi, le maillage territoriale et la cohésion sociétale sont grands et se cumulent à des défaillances en matière de sécurité et de souveraineté. Cette crise sanitaire est bien le révélateur d’un système extrêmement fragile et suroptimisé. Elle sera sans doute aussi l’occasion d’en bâtir un nouveau, peut-être moins efficient mais plus résistant.

Rédigé par

Francis Jaisson
Directeur général délégué en charge de l'ensemble des Gestions, de la Commercialisation, de la Négociation et de l'ensemble des Recherches.

Le 2 avril 2020

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