Edito - février 2023

Edito

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Relocalisation

La publication par le FMI de prévisions de croissance pour 2023 moins pessimistes que prévu a été saluée par les journaux.

L’Europe a écarté la récession ! A-t-on vraiment des raisons de se réjouir ?

Les détails de cette « performance » économique ne sont pas encore publiés que des nuages s’amoncellent déjà à court et moyen termes.

A court terme tout d’abord, avec les effets à venir du durcissement monétaire sur la demande de crédit, sur la consommation des ménages et sur les dépenses d’investissement des entreprises.

A moyen terme aussi, car de nombreux défis structurels doivent être surmontés. Parmi ceux-ci citons le coût de l’énergie en Europe : la baisse du prix du gaz au 4e trimestre a allégé les pressions inflationnistes sur le prix de l’électricité. Mais cette crise n’a pas permis de réformer le marché de l’électricité pour autant. Pour rappel, l’objectif de ce grand marché, était à la fois de permettre aux agents économiques d’accéder à une énergie bon marché et de sécuriser l’approvisionnement énergétique de l’Union européenne.

Mais une architecture juridique complexe, de nombreux outils réglementaires et des prix au détail fortement influencés par des taux de taxation nationaux sont autant de freins à cet objectif. 

Et pourtant, une croissance de moyen long terme n’est envisageable que si l’accès à l’énergie est rendu facile et abordable.

Parmi les défis structurels, citons aussi l’accès à la santé et en particulier à l’approvisionnement en médicaments.

Les pénuries de paracétamol, d’amoxicilline et de bien d’autres médicaments ont été mises en exergue ces derniers mois. Elles sont le résultat d’une politique de délocalisation des activités à faibles marges ou polluantes en Chine ou en Inde, politique dont nous avions vu les premiers effets pendant la pandémie. Ce constat implique que soit menée une politique de relocalisation de production sur le sol européen. Cela nécessite donc des investissements colossaux et une hausse des prix des médicaments.

Est-ce compatible avec le problème des déficits des systèmes de santé des pays européens ?

Force est de constater, qu’à ce jour, c’est le chacun pour soi qui prédomine face à cette problématique commune d’accès aux médicaments.

« Cette incapacité à construire ensemble à partir de constats clairs et irréfutables constitue une réelle faiblesse du continent européen dans un monde de moins en moins coopératif. »

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La relocalisation implique un accès à l’énergie facile et abordable, une vision et des décisions communes ainsi que des financements adéquats.

La volonté de relocaliser exige aussi de pouvoir traiter à armes égales avec les États-Unis et leurs partenaires, avec la Chine ou encore avec l’Inde. En l’occurrence, le plan IRA américain est un réel défi.

Avec un accès abondant à l’énergie et aux matières premières critiques, les États-Unis ajoutent une fiscalité avantageuse (500 milliards de dollars), des décisions majeures quant à la rétention des talents sur son sol et une force géopolitique qui lui permet d’imposer aux entreprises de venir produire sur place.

Certaines entreprises européennes ne s’y sont pas trompées, comme le prouvent les récentes décisions de relocalisation sur le sol américain de certaines d’entre elles.

Il y a urgence pour l’Europe, à aller plus loin dans le « travailler ensemble ». Ces derniers jours un plan a été élaboré par la Commission européenne, pour combattre les effets du plan américain. Le plan industriel pour « un pacte vert » prévoit un assouplissement des aides d’État jusqu’en 2025 et la réaffectation de fonds européens existants non utilisés (potentiellement jusqu’à 390 milliards d’euros). Parmi les propositions novatrices, notons la possibilité pour un État d’offrir à une entreprise songeant à s’expatrier aux États-Unis une subvention équivalente à celle proposée outre-Atlantique.

Ce plan n’est pas encore voté, il devra suivre le processus démocratique de vote des 27 pays membres. A cet égard, on ne peut manquer de s’interroger sur ce processus. Est-il encore adapté à une Europe à 27 ? Une Europe devant vite trouver sa voie dans un monde fracturé ? L’avenir nous le dira mais il est à craindre que de longues discussions soient à attendre…      

Rédigé par

Lucile LOQUES
Directrice du pôle Actions Internationales

Le 10 février 2023

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