Environnement économique - Octobre 2021

Environnement économique

Retrouvez notre rétrospective de l'environnement économique du mois d'octobre 2021 des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie

Nos perspectives économiques et financières

A la mi-2020, nous avons souligné le risque de poches de dépression consécutif à la mise à l'arrêt d'économies déjà fragiles. L’ampleur des plans de relance budgétaire, notamment américain, et des politiques monétaires toujours plus accommodantes questionnent toutefois cette hypothèse. Dans ce contexte, une analyse fine de ces mesures sera nécessaire pour vérifier la capacité des Etats à éloigner ces risques de dépression, y compris lorsque ces dispositifs de soutien extraordinaire arriveront à leur terme. Dans le cadre de nos perspectives de juin 2021, nous nous sommes attachés à analyser les plans des trois grandes zones économiques et à comprendre quelle part la politique énergétique y prend, un secteur déterminant pour la souveraineté des Etats et aux effets multiplicateurs importants sur les tissus industriels, avec parmi eux, le secteur automobile.

Une reprise économique freinée par les pénuries

Le mois d’octobre a été marqué par des pressions inflationnistes persistantes, tandis que la plupart des économies continuent de subir les conséquences des pénuries dans plusieurs secteurs. Aux Etats-Unis, le Sénat a trouvé une solution temporaire pour le relèvement du plafond de la dette, tandis que les divergences au sein du parti Démocrate ont empêché l’adoption des plans budgétaires proposés par Joe Biden. En Zone euro, Jens Weidmann, gouverneur de la Bundesbank, a annoncé sa démission et devrait quitter ses fonctions à la fin de l’année. Enfin, les élections législatives japonaises ont permis au parti du Premier ministre Kishida de conserver la majorité à la chambre basse. Sur le marché des changes, l’euro s’est légèrement apprécié de 0,57% et termine le mois à 1,1645 dollar pour un euro. Le prix du baril de Brent a augmenté de 7,46% sur le mois, pour atteindre 84,38$.

AmériqueAux Etats-Unis, l’activité économique a nettement ralenti au 3ème trimestre sur fond de résurgence de l’épidémie de Covid-19 et de perturbations dans les chaînes d’approvisionnement. Le PIB a augmenté de 0,5% en glissement trimestriel (contre 1,6% au 2ème trimestre), un chiffre en-deçà des attentes. Les dépenses de consommation ont augmenté de 0,4% au T3, contre 2,9% au trimestre précédent, pénalisées par une baisse des ventes automobiles liée à la pénurie de semi-conducteurs. Par ailleurs, la rotation des biens vers les services se confirme, avec des dépenses en biens durables qui ont chuté de 7,7% tandis que les services sont en hausse de 1,9%. En parallèle, l’inflation reste élevée, avec une croissance des prix de 5,4% en glissement annuel en septembre, après 5,3% en août. En rythme mensuel, l’inflation semble cependant se modérer, avec une croissance de 0,4% en août et 0,3% en septembre, après un taux proche de 1% chaque mois au 2ème trimestre. Dans ce contexte, la Réserve Fédérale pourrait annoncer une réduction de son programme d’achat d’actifs lors de sa prochaine réunion de politique monétaire. Du côté budgétaire, le bras de fer au Sénat à propos du relèvement du plafond de la dette a finalement abouti à une solution temporaire, qui repousse un potentiel défaut de paiement à début décembre. En parallèle, les discussions autour des plans de dépenses proposés par la Maison Blanche s’intensifient. Afin de rallier les sénateurs démocrates modérés, Joe Biden a consenti à ramener le montant de son plan de dépenses sociales et environnementales à 1750 Mds$, contre 3500 Mds$ initialement proposés. Mais le camp démocrate doit également composer avec l’aile progressiste, qui menace de bloquer le vote sur les dépenses d’infrastructures, d’un montant de 1000 Mds$, tant que le Sénat n’aura pas adopté le plan de dépenses sociales et environnementales.

EuropeAu Royaume-Uni, la hausse des perspectives de croissance a permis au gouvernement de présenter un plan de dépenses budgétaires plus important que prévu. L’Office for Budget Responsability envisage une croissance pour 2021, à 6,5% contre 4% estimé en mars 2021. Cette amélioration des perspectives, combinée à la hausse de la taxe sur les entreprises annoncée en septembre, va pouvoir améliorer les recettes fiscales du gouvernement, ce qui a permis à Rishi Sunak, Ministre des Finances, de présenter un plan budgétaire moins restrictif qu’attendu. En parallèle, les signaux renvoyés par la hausse de l’inflation (+3,1% en septembre en glissement annuel) et par un marché du travail plutôt tendu pourraient amener la Banque d’Angleterre à resserrer sa politique monétaire prochainement.

En Zone euro, l’activité économique se maintient avec une croissance trimestrielle de 2,2% au 3ème trimestre, après 2,1% lors du trimestre précédent. Ce chiffre cache néanmoins une hétérogénéité entre les pays, avec une croissance trimestrielle plutôt vigoureuse en France et en Italie (+3,0% et +2,6% respectivement) tandis que le dynamisme de l’activité en Allemagne et en Espagne se modère (+1,8% et +2,0%). L’Allemagne a en effet souffert de son exposition plus marquée au secteur automobile, pénalisé par la pénurie de semi-conducteurs. Du côté des prix, l’inflation atteint 4,1% en octobre en glissement annuel après 3,2% en septembre, un niveau proche des plus hauts historiques. Cette inflation est avant tout tirée par l’énergie, dont les prix continuent de monter pour atteindre 23,5% en glissement annuel. L’accélération de l’inflation sous-jacente (hors énergie, alimentation, alcool et tabac) a été plus modeste, à 2,1% contre 1,9% en septembre. La BCE est restée accommodante et a maintenu sa politique monétaire inchangée lors de sa dernière réunion. Toujours sur le plan monétaire, le Président de la Bundesbank, Jens Weidmann, a annoncé sa démission et quittera son poste à la fin de l’année. Considéré comme peu enclin aux différents programmes d’assouplissement quantitatif, il participera à la réunion de politique monétaire de la BCE de décembre qui devrait statuer sur le post-PEPP (programme d’achats d’actifs lié à la crise pandémique qui doit se terminer en mars 2022). La nomination de son successeur dépendra de la nouvelle coalition gouvernementale allemande.

Asie OcéanieEn Chine, le PIB ralentit au 3ème trimestre avec une croissance de 4,9% en glissement annuel, après 7,9% lors du trimestre précédent. Le ralentissement s’observe également en glissement trimestriel, avec une croissance de 0,2%, l’un des plus faibles niveaux enregistrés depuis 10 ans. L’économie chinoise a été pénalisée par des mesures règlementaires qui ont pesé sur le secteur immobilier. En conséquence, les investissements dans le secteur se sont réduits, entraînant des difficultés financières pour certains promoteurs immobiliers comme Evergrande, ou plus récemment Fantasia. En parallèle, la politique dite « zéro Covid » a entraîné des restrictions dans certaines zones, pesant ainsi sur la consommation. Enfin, la production industrielle marque également le pas en septembre, avec une croissance en glissement annuel de 3,1% en septembre, contre 5,3% en août, liée à l’impact négatif des pénuries d’électricité et des restrictions sur les industries polluantes.

Au Japon, les pénuries continuent de peser sur l’activité. La production industrielle a reculé de 5,4% en glissement mensuel en septembre, pour le 3ème mois consécutif, principalement due à la chute de la production automobile, fortement pénalisée par les pénuries de semi-conducteurs. Sur le plan monétaire, la Banque du Japon a laissé sa politique monétaire inchangée comme attendu. Enfin, le Parti libéral-démocrate (PLD), parti au pouvoir, a réussi à maintenir sa majorité à la chambre basse à l’issue des élections législatives qui se sont tenues le 31 octobre, avec 261 sièges remportés, au-dessus des 233 nécessaires pour obtenir la majorité.

Sources des données: Refinitiv, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Eurostat, BCE, Markit, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China.

Rédigé par

Eloïse GIRARD-DESBOIS
Analyste économique

Le 3 novembre 2021