Environnement économique - Décembre 2024

Environnement économique

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Instabilité politique en Europe

Nos perspectives économiques et financières

Notre analyse sur les moteurs et leviers de croissance des États-Unis, de la France et de l’Allemagne a confirmé plusieurs avantages économiques des États-Unis, fondés sur un accès facilité aux ressources humaines, financières et liées aux matières premières. Ces avantages permettent aux États-Unis de déployer une politique industrielle volontariste. L’Europe, avec des ambitions similaires, est limitée par son manque d’accès aux ressources, un environnement politique complexe et de faibles marges de manœuvre budgétaires. L’inflation ralentit temporairement, permettant aux banques centrales de baisser les taux directeurs. Toutefois, des pressions inflationnistes se maintiennent, surtout aux Etats-Unis, en lien avec la boucle prix/salaire, l’escalade des tensions géopolitiques et les plans de relocalisation industrielle qui en découle.

En décembre, les banques centrales américaine et européenne ont baissé une nouvelle fois leurs taux directeurs, alors que la Banque d’Angleterre et son homologue japonaise s’en tenaient au statu quo. Sur fond de remontée de l’inflation au quatrième trimestre, les discours des banquiers centraux divergent de part et d’autre de l’Atlantique. En Chine, les autorités ont annoncé des politiques budgétaire et monétaire plus accommodantes pour 2025. Sur le marché des changes, l’euro s’est déprécié de 1,64% sur le mois contre le dollar, à 1,0389. Le prix du baril de Brent a progressé de 2,3% par rapport au mois précédent, à 74,64$.

ameriqueAux Etats-Unis, lors de sa réunion de décembre, la Réserve fédérale a baissé une nouvelle fois son objectif de taux des fed funds, de 25 points de base à [4,25% ; 4,50%]. L’inflation a continué à progresser, à 2,7% en novembre, et les indicateurs du marché du travail se sont redressés. Par ailleurs, les indicateurs d’activité économique restent solides. Face à ces constats, le discours du comité de politique monétaire a évolué. Ses membres insistent sur la nécessité de rester prudent et ils n’envisagent plus que 50 points de base de baisse supplémentaire des taux directeurs pour l’ensemble de l’année 2025. Donald Trump a poursuivi les nominations pour son futur gouvernement. Le président-élu a subi un échec au Congrès, les représentants républicains ayant refusé ses demandes lors de la prolongation du budget.

EuropeAu Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre (BoE) a maintenu son taux directeur à 4,75% en décembre. Les banquiers centraux s’inquiètent de la persistance d’une inflation plus élevée qu’ils le souhaitent et de l’impact de récentes mesures budgétaires sur le coût du travail. Les prix à la consommation ont encore accéléré en novembre (+2,6% sur un an) et les salaires restent vigoureux. En revanche, les indicateurs d’activité économique sont moins bien orientés.

En zone euro, la Banque centrale européenne a procédé à une quatrième baisse de ses taux directeurs, ramenant le taux d’intérêt de sa facilité de dépôt de 3,25% à 3,00%. Parallèlement, même s’ils veulent toujours se fier à l’examen des données à chacune de leurs prochaines réunions, les banquiers centraux européens se montrent plus rassurés sur les perspectives d’inflation et plus rassurants sur la tendance de leur politique monétaire. Ils n’accordent pas une grande importance au rebond, jugé ponctuel, de l’inflation ces derniers mois (2,2% en novembre). La conjoncture économique reste globalement dégradée, avec un regain d’incertitude lié à la situation politique en France et en Allemagne. En France, une loi spéciale permet à l’Etat de continuer à fonctionner début 2025, en attendant le vote d’un budget. En Allemagne, la tenue d’élections législatives anticipées en février est confirmée. L’alliance CDU-CSU reste en tête des sondages, toujours devant le parti d’extrême droite AfD. Malgré des évolutions positives des ventes au détail, l’activité économique de la zone euro demeure mal orientée dans son ensemble.

AsieEn Chine, les instances officielles ont annoncé que les politiques budgétaire et monétaire seront plus accommodantes en 2025. Les autorités ont aussi annoncé que le soutien à la demande domestique va devenir l’objectif premier de leur politique, devant la promotion du secteur industriel. Les assouplissements des politiques économiques dévoilés depuis septembre restent, pour l’heure, très loin du plan de 2008. L’activité économique s’est avérée contrastée en novembre, avec un ralentissement des ventes au détail mais une production industrielle solide. Dans le secteur immobilier des signes de stabilisation se confirment, mais ils restent ténus. Au Japon, le gouvernement a aussi annoncé augmenter son soutien budgétaire à l’activité économique, malgré des indicateurs d’activité solide. La Banque du Japon a encore maintenu son taux directeur stable, en dépit d’une inflation fermement installée au-dessus de son objectif et de salaires toujours dynamiques. Instabilité politique en Corée du Sud : le Parlement a destitué le président Yoon après que ce dernier a eu tenté d’instaurer la loi martiale ; puis, le premier ministre Han Duck-soo, qui assurait l’intérim, a également été démis.

 

Sources des données : Datastream, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Office for National Statistics, Eurostat, BCE, S&P Global, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China.

Rédigé par

Jean-Louis MOURIER, 
Économiste 
Le 2 janvier 2025