Environnement économique - Mars 2024

Environnement économique
Monde

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Retrouvez notre rétrospective de l'environnement économique du mois de mars2024 des zones Amérique, Europe et Asie-Océanie.

Nos perspectives économiques et financières

La remise en question croissante de la gouvernance internationale actuelle se traduit par l’élargissement de groupements d’intérêt (BRICS+, OPEP+) aspirant à représenter une alternative au modèle occidental. Cette tendance contribue à alimenter de multiples tensions géopolitiques dont une des traductions est la persistance de pressions inflationnistes structurelles. Cet environnement représente un défi pour les entreprises qui sont déjà affectées par des conditions de financements moins favorables, des contraintes de chaînes de production et des distorsions de concurrence multiples. Alors que la fragilité de certains acteurs alerte sur un risque systémique, les marges de manœuvre des banques centrales apparaissent limitées par une inflation structurellement plus élevée.

Les banques centrales maintiennent le statu quo

Des deux côtés de l’Atlantique, les banquiers centraux maintiennent leurs politiques monétaires inchangées et prônent la patience quant à la normalisation des taux directeurs. L'ampleur de l'assouplissement à venir reste incertain alors que les banques centrales prennent la mesure d’un environnement structurellement plus inflationniste, entre transition énergétique, tensions géopolitiques, recomposition des chaînes de valeur et pénurie de main d’œuvre. En Asie, la Banque du Japon (BoJ) a abandonné sa politique de taux négatif, en vigueur depuis 2016. La BoJ était la dernière banque centrale au monde avec un taux directeur négatif. En Chine, les autorités ont annoncé un objectif de croissance du PIB ambitieux à « environ 5% » en 2024. Sur le marché des changes, l’euro est resté quasiment stable, perdant 0,1% sur le mois contre le dollar à 1,0811. Le prix du baril de Brent a augmenté de 4,6% par rapport au mois précédent, à 87,48$.

ameriqueAux Etats-Unis, la Réserve fédérale a maintenu le statu quo lors de sa réunion de politique monétaire de mars (taux directeur à [5,25 ; 5,50%] et rythme de réduction du bilan de 95 Mds$ par mois). La médiane des prévisions individuelles de taux directeur par les membres du FOMC se situe toujours à trois baisses de 25 points de base cette année mais le détail révèle une inflexion moins accommodante par rapport à décembre alors que l’activité économique surprend par sa vigueur. Concernant le bilan, Jerome Powell a indiqué qu’il serait « approprié de ralentir le rythme de la réduction du bilan assez rapidement », en dépit d’une inflation (3,2% en février) et d’un marché du travail (275 000 postes créés en février) toujours solides. En outre, les données immobilières signalent un redressement de l’activité résidentielle en ce début d’année. Sur le plan politique, les membres du Congrès ont finalement voté un texte permettant de financer l’Etat fédéral jusqu’au 30 septembre, date de fin de l’année fiscale, évitant ainsi in extremis une fermeture partielle du gouvernement fédéral.

EuropeAu Royaume-Uni, les tensions inflationnistes se modèrent. L’inflation recule à 3,4% en février après 4,0% en décembre et janvier. La croissance des salaires, bien que toujours dynamique, ralentit également, à 6,1% en janvier, après 6,2% en décembre. Dans ce contexte, la Banque d’Angleterre a, une nouvelle fois, laissé son taux directeur inchangé. Après la contraction du PIB au T4 2023, l’activité est un peu mieux orientée début 2024, tirée par les services, alors que l’industrie reste en difficulté. A quelques mois d’une élection générale, l’annonce budgétaire du gouvernement a surtout été axée sur le soutien du pouvoir d’achat des ménages. 

En zone euro, le Conseil des gouverneurs de la BCE a décidé de maintenir ses taux inchangés. Les déclarations des banquiers centraux indiquent qu’une première baisse de taux ne devrait pas intervenir avant juin et mettent l’accent sur les fortes incertitudes sur le rythme de détente de la politique monétaire. Concernant la modification de son cadre opérationnel, la BCE a annoncé que le taux sur les opérations ordinaires de refinancement (MRO) sera rapproché (à compter du 18 septembre prochain) à 15 points de base de celui de la facilité de dépôt (contre 50 pb actuellement). Des évolutions seront également apportées au cadre des opérations de refinancement de la banque centrale. Concernant l’activité, les enquêtes ont été un peu mieux orientées en mars, mais n’indiquent pas encore de reprise significative. Malgré un léger redressement en janvier, l’industrie allemande reste l’un des principaux freins à l’activité européenne. Côté budgétaire, les Chefs d’Etats de l’UE ont endossé, lors d’une réunion du Conseil européen, le fait que les recommandations pour 2025 devraient déboucher sur des politiques budgétaires légèrement restrictives, afin de « contribuer à la lutte contre l’inflation » et en raison du besoin de continuer à œuvrer en faveur d’une « meilleure stabilité des finances publiques ».

AsieEn Chine, la session annuelle de l’Assemblée nationale populaire ne s’est pas traduite par une impulsion budgétaire significative par rapport à l’an passé. L’objectif de croissance est maintenu à « environ 5% » en 2024, comme l’an passé, mais sera plus difficile à atteindre alors que les effets de rattrapage postpandémie se sont largement dissipés. En janvier et février, l’économie chinoise est restée soutenue par la vigueur de l’industrie mais déprimée par la dégradation du secteur immobilier. Au Japon, la banque centrale abandonne ses politiques de taux négatif et de contrôle de la courbe des taux, confortée par la dynamique haussière des salaires, mais conserve une communication prudente sur ses prochaines décisions. Les enquêtes PMI continuent de décrire une économie à deux vitesses, entre vigueur des services et faiblesse de l’industrie.

 

Sources des données : Datastream, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Eurostat, BCE, S&P Global, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China. 

Louis MARTIN
Économiste

Le 2 avril 2024