Environnement économique - novembre 2025
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Le Congrès américain vote la fin du « shutdown »
Nos perspectives économiques et financières
L’activisme des États dans leur objectif affiché de reconquête de souveraineté se traduit par des soutiens substantiels aux secteurs jugés stratégiques et une compétition accrue pour l’accès aux ressources. Ces démarches s’inscrivent dans un environnement mondial moins coopératif où les politiques monétaires demeurent contraintes par un environnement structurellement plus inflationniste. Aux États-Unis, l’administration actionne de nombreux leviers pour appuyer la reprise en main de l’économie par le politique. Au-delà des droits de douane et des prises de participation dans les secteurs stratégiques, le regard du politique se porte sur la banque centrale avec l’objectif d’aligner davantage la politique monétaire sur le projet économique de l’administration. En Europe, les marges de manœuvre des États sont limitées par le champ des compétences de l’UE. En France, l’instabilité politique fait peser un risque sur sa dette publique, une situation susceptible de mettre à l’épreuve la souveraineté du pays dans ses décisions budgétaires.
Le mois a été marqué par la fin de la plus longue fermeture de l’administration fédérale de l’histoire des États-Unis et, ainsi, la reprise progressive des publications de données, grâce à un vote du Congrès permettant le financement du gouvernement fédéral jusqu’au 30 janvier 2026. En Europe, le Royaume-Uni a annoncé un budget plus restrictif, alors que l’Allemagne et le Japon, au contraire, projettent des dépenses publiques supplémentaires, tandis que la France s’enlise dans l’incertitude budgétaire. Sur le plan monétaire, les banquiers centraux américains et britanniques restent divisés sur le rythme de l’assouplissement monétaire alors que l’attentisme de la BCE fait moins débat. En Chine, l’activité reste mal orientée en octobre. Sur le marché des changes, l’euro s’est apprécié de 0,1% sur le mois contre le dollar, à 1,1556. Le prix du baril de Brent a baissé de 2,87% par rapport au mois précédent, à 63,19$.
Aux États-Unis, le Congrès a voté pour permettre le financement du gouvernement fédéral jusqu’au 30 janvier 2026, mettant ainsi fin à la plus longue fermeture des administrations fédérales de l’histoire (43 jours). Cette réouverture permet une reprise progressive des publications statistiques officielles. Du côté de la Réserve fédérale, le comité de politique monétaire (FOMC) est divisé quant à l’orientation à venir de la politique monétaire. Si une majorité de participants pense toujours qu’il faudra poursuivre l’assouplissement au regard du caractère encore restrictif de la politique monétaire, les avis divergent quant à la conduite à adopter à court terme. Du côté du marché du travail, le rapport d’emploi de septembre a plutôt atténué les craintes quant à la dynamique récente du marché du travail (119 000 créations de postes), malgré des révisions baissières des estimations pour les deux mois précédents et les alertes du Beige Book sur une dégradation sur les mois qui suivent.
Au Royaume-Uni, le gouvernement annonce de nouvelles hausses d’impôts pour rassurer sur la situation budgétaire du pays. L’annonce budgétaire s’est faite sur fond de turbulence politique au sein du parti travailliste alors que le ministre de la Santé Wes Streeting a été accusé de chercher à contester le « leadership » du Premier ministre. Concernant la politique monétaire, la Banque d’Angleterre a maintenu son taux directeur inchangé à 4,0%, à l’issue d’une décision serrée, 5 membres se prononçant en faveur du statu quo tandis que 4 ont voté pour une baisse de 25 points de base, dans un contexte de modération de l’inflation.
En zone euro, la communication des banquiers centraux reste en faveur de l’attentisme. La majorité des membres du Conseil des gouverneurs juge faible le risque de voir l’inflation s’installer durablement sous l’objectif de 2% et estime que la BCE ne doit pas réagir à des déviations temporaires à cet objectif, rendant peu probable des baisses supplémentaires des taux directeurs européens. Les données économiques publiées sur le mois sont de nature à conforter les banquiers centraux dans cette approche. Sur le plan commercial, les ministres de l’économie et des finances des pays membres de l’UE ont trouvé un accord sur la suppression du seuil de franchise douanière pour les marchandises entrant dans l’Union européenne, afin notamment de freiner le flux de commandes des particuliers sur des sites marchands chinois. En Allemagne, le Parlement a adopté un budget 2026 qui prévoit une forte progression des dépenses d’investissement à 127Mds€. En France, alors que les recettes de la TVA devraient être inférieures aux prévisions du gouvernement, les désaccords concernant le budget 2026 persistent, alimentant les incertitudes sur le redressement des comptes publics.
En Chine, l’activité continue de faiblir en octobre. La production industrielle et les ventes au détail ralentissent, les investissements se contractent, les exportations faiblissent, l’inflation reste atone et la crise du secteur immobilier se poursuit. Toutefois, une partie de cette dégradation reflète probablement les distorsions induites par la fête de la lune qui a exceptionnellement eu lieu en octobre cette année. Au Japon, les autorités ont annoncé un plan de soutien à l’activité de 136 Mds$, soit le plus important depuis la crise sanitaire. Un programme visant à réduire les dépenses publiques jugées inutiles a parallèlement été annoncé, probablement pour rassurer sur le sérieux budgétaire du nouveau gouvernement, dans un contexte de remontée rapide des taux obligataires et de dépréciation marquée du yen. Le PIB a décliné de 0,4% en glissement trimestriel au T3, interrompant une série de cinq trimestres consécutifs de croissance.
Sources des données : Datastream, Bloomberg, US Bureau of Labor Statistics, US Bureau of Economic Analysis, Office for National Statistics, Eurostat, BCE, S&P Global, Statistics Bureau of Japan, Japan Cabinet Office, National Bureau of Statistics of China.
Rédigé par
Louis MARTIN
Analyste Macroéconomique
3 décembre 2025