"Le regard de la gérante" : Emissions souveraines européennes - perspectives 2026

Le Point de vue de l'expert

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Alors que la France peine à finaliser son budget 2026, l’ensemble de la zone euro se prépare à une nouvelle année d’émissions élevées.

Selon les estimations disponibles, les émissions obligataires brutes des principaux pays de la zone euro devraient franchir le niveau de 1400 Mds€ l’an prochain, contre 1 380 Mds€ en 2025. Ces montants désormais structurellement élevés reflètent avant tout la progression des volumes de dettes arrivant à échéance, qui atteindraient près de 897 Mds€ en 2026. Ce profil de remboursement, hérité des années post-Covid contribue à maintenir l’offre brute à un niveau soutenu. Dans ce contexte, les émissions obligataires nettes des remboursements sont attendues à 550 Mds€, en léger retrait par rapport aux 565 Mds€ estimés pour 2025. 

L’Allemagne constitue l’exception notable : le financement de son plan d’investissements, validé au printemps se traduit par un déficit projeté à 4% du PIB et par une hausse de ses besoins nets de financement, qui atteindraient 111 Mds€ (soit +11 Mds€ sur un an). À l’inverse, plusieurs États, notamment l’Italie et l’Espagne, s’inscrivent dans une trajectoire de consolidation budgétaire. 

Parallèlement, la politique monétaire continue de jouer un rôle déterminant. La BCE poursuit la réduction de la taille de son bilan et cesse de réinvestir les montants issus des obligations souveraines arrivant à échéance. Cette dynamique renforce les besoins de financement que le marché doit absorber: plus de 900 Mds€ d’émissions, nettes à la fois des remboursements et du non-réinvestissement de la BCE, devront être absorbées par les investisseurs en 2026. L’Allemagne est ici encore le pays dont l’offre nette progresse le plus par rapport à 2025 (+20 Mds€), tandis que les autres souverains présentent des volumes stables ou en légère diminution. 

Dans un environnement d’endettement public historiquement élevé, l’abondance de l’offre obligataire européenne constitue un élément durable du marché obligataire. La compression des primes de risque observée ces derniers trimestres invite toutefois à une certaine prudence, d’autant que la réforme des fonds de pension néerlandais réduit la profondeur du marché sur les maturités très longues. En 2026, face à ces éléments, la question de la capacité des investisseurs à absorber une offre toujours importante avec des écarts de valorisation entre souverains resserrés est de nature à orienter les taux d’intérêt des dettes souveraines à la hausse.

Rédigé par

Yaël KABLA
Gérante Mandats Taux