"Le regard de la gérante" : Minéraux critiques, face aux risques d’approvisionnement, les investissements stratégiques affluent
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La rivalité sino-américaine sur les terres rares est entrée depuis quelques semaines dans une phase d’intensification.
Pékin a annoncé début octobre un élargissement de ses contrôles à l’export sur les terres rares, les aimants permanents et certains équipements, avec des licences plus strictes et une portée extraterritoriale lorsque des produits fabriqués hors de Chine incorporent des matériaux d’origine chinoise.
Côté américain, la Maison-Blanche a dévoilé avec l’Australie un cadre commun pour sécuriser l’extraction et le raffinage de minéraux critiques et de terres rares, assorti d’engagements d’investissements publics avec pour objectif l’arrivée de nouvelles capacités dès 2026. Parallèlement, la banque américaine JP Morgan a annoncé jusqu’à $10 milliards d’investissements dans la chaîne de valeur des terres rares et minéraux critiques, un signal d’engagement du capital
privé dans les secteurs considérés comme stratégiques. En effet, ces minéraux, essentiels à la production de semi-conducteurs, de systèmes de défense, d’éoliennes et de véhicules électriques sont désormais considérés comme des actifs participant à la reconquête de souveraineté. La reconstitution d’une chaîne de valeur reste toutefois complexe.
En effet, au-delà des investissements nécessaires à l’extraction de terres rares, les coûts de raffinage et de séparation sont très élevés et les technologies de traitement restent largement concentrées en Chine. L’équation économique repose donc sur la combinaison d’incitations publiques directes ou indirectes (prix plancher sur certaines terres rares comme dans le cadre de l’accord conclu entre le Département de la Défense et MP Materials), de financements privés
et d’intégrations verticales entre mineurs, transformateurs et industriels. Dans le cadre de nos Perspectives Économiques et Financières, nous avons identifié la reconstitution d’une chaîne de valeurs des terres rares hors de Chine comme un axe stratégique pour le gouvernement américain.
Rédigé par
Sophie PONS-DUBLANC
Adjointe au Responsable d'équipe Gestion Actions Monde
