"Le regard du gérant" : L’industrie automobile européenne face au défi chinois
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L’industrie automobile européenne traverse une période de transformation profonde, marquée par des bouleversements technologiques et une intensification de la concurrence mondiale.
Les constructeurs historiques peinent à rattraper leur retard dans les domaines du véhicule électrique, autonome et connecté notamment face aux nouveaux acteurs chinois.
La montée en puissance des constructeurs chinois ne se limite plus à la Chine mais s’étend désormais à l’Union européenne, troisième marché automobile mondial, devenu une cible stratégique. Pour freiner leur croissance, la Commission européenne a réagi en instaurant depuis octobre 2024 des droits de douane pouvant atteindre 37,6%, en plus des 10% déjà en vigueur. Malgré ces mesures, leur part de marché est passée de 1% début 2023 à 4% en août 2025, selon l’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA). La marque MG, filiale du groupe SAIC, représente à elle seule 2,5% du marché européen pourtant particulièrement pénalisée par les taxes. Ces acteurs ne se contentent plus de proposer des véhicules à bas prix. Ils investissent également le segment premium, renforçant leur attractivité auprès des consommateurs européens en quête de technologie.
Le renforcement de ces acteurs intervient dans un contexte de contraction des ventes de véhicules neuves au sein de l’UE (-1,9%* au S1 2025 par rapport à l’an passé). Leur montée en puissance représente un défi majeur pour les constructeurs historiques et de surcroit, pour l’économie de la zone. L’industrie automobile européenne est le premier vivier d’emplois, employant 13,6 millions de personnes* dont 2,5 millions d’emplois directs*. Elle concentre aussi l’essentiel des investissements en recherche et développement, mobilisant 85 milliards d’euros* en 2023, dépassant même le secteur de la santé. À elle seule, l’UE investit autant que les États-Unis, le Japon et la Chine réunis. Aujourd’hui, l’avenir de cette filière est menacé. Pour préserver sa compétitivité, l’industrie européenne doit accélérer sa mutation, rationaliser ses coûts et renforcer sa capacité d’innovation. Les autorités européennes ont pris la mesure des enjeux. Les récentes décisions en matière de régulation environnementale assouplissant les règles d’émission de CO2 sur la période 2025-2027, de protection contre les pratiques commerciales déloyales et de fixation de seuils de contenu local minimum témoignent d’un soutien politique affirmé à ce secteur stratégique.
Nos Perspectives économiques et financières soulignent le retour du Politique et sa volonté de renforcer sa souveraineté face aux défis technologiques et géopolitiques. L’industrie automobile est au cœur de ces enjeux et son regain de compétitivité est critique dans une logique de réindustrialisation de la zone.
* Données de l’ACEA
Rédigé par

Chicuong DANG
Gérant OPC Actions Europe