"Le regard de la gérante" - Quels effets des droits de douane sur le cuivre ?

Perspectives Économiques et Financières

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Le président Trump a déclaré le 9 juillet que les États-Unis allaient imposer des droits de douane sur les importations de cuivre, à un taux de 50%.

Pour rappel, les États-Unis représentaient 6% de la demande de cuivre raffiné dans le monde en 2024 et sont importateurs à hauteur de 50% de leurs besoins. Cette annonce était très attendue depuis que le gouvernement américain a lancé en mars 2025 une enquête au titre de la section 232 sur le cuivre et plusieurs autres produits. Ces enquêtes évaluent l’impact des importations sur la sécurité nationale, et leur portée va bien au-delà du seul cadre économique. Si les résultats étaient très incertains, le marché n’avait toutefois pas anticipé une décision aussi extrême. Le meilleur indicateur en était l’écart de prix CME-LME (prix du cuivre coté aux États-Unis – prix du cuivre coté à Londres), qui était resté stable aux environs de 10-12 % depuis l’annonce de l’enquête au mois de mars, ce qui laissait entendre que les acteurs de marché anticipaient plutôt des droits de douane autour de 25%. Dès l’annonce, le prix du cuivre sur le CME a fortement grimpé, l’écart de prix CME-LME passant ainsi à 25%. Le niveau de prime n’est pas encore figé ; des incertitudes demeurent sur le calendrier et sur une éventuelle mise en œuvre partielle ou avec des exemptions. Cette situation pourrait intensifier les flux d’arbitrages physiques, avec des tentatives d’expéditions vers les États-Unis malgré les droits, si les marges le justifient. Plusieurs sociétés de courtage de matières premières semblent étudier déjà des solutions de contournement via des pays tiers, misant sur une application différée ou partiellement exonérée selon les origines. Le comportement du marché dans les prochaines semaines dépendra donc fortement de la clarté des modalités d’application, ainsi que d’éventuelles contre-mesures ou exemptions bilatérales qui pourraient rapidement changer l’équation. 

Cette décision de l’administration américaine s’inscrit dans une stratégie plus large de réindustrialisation et de sécurisation des approvisionnements pour les matériaux stratégiques. Après l’aluminium et l’acier, le cuivre semblait être un candidat naturel à l’imposition de droits de douane. Cette mesure pourrait raviver les tensions commerciales avec les grands pays exportateurs de cuivre, notamment le Chili, le Pérou et la Chine, qui envisagent déjà de déposer des recours auprès de l’OMC. Par ailleurs, plusieurs industriels américains, en particulier dans les secteurs de l’électronique, de l’énergie et de la construction, ont exprimé leurs inquiétudes face à une hausse des coûts de production. Dans le cadre de nos Perspectives Economiques et Financières, nous avons identifié qu’une telle augmentation aura des effets inflationnistes directs et indirects.

Rédigé par :
Sophie Pons

Sophie PONS DUBLANC
Adjointe au Responsable d’équipe Gestion Actions Monde