"OnDécrypte l'Hebdo" - Estimations
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Découvrez l'intégralité de notre suivi des marchés de la semaine - 25 août 2025
Le vendredi 02 août dernier, le président des Etats-Unis, Donald Trump, annonçait le renvoi de la directrice du bureau des statistiques du travail américain (BLS), Erika McEntarfer, à la suite de la publication du rapport mensuel d’emploi portant sur le mois de juillet. En cause, un rapport illustrant une situation de l’emploi dégradée, avec des révisions très importantes des estimations mensuelles portant sur les mois de juin et de mai.
En effet, en cumulant ces révisions, les créations d’emplois ont été inférieures de 258 000 postes, soit de seulement +19 000 en mai et +14 000 en juin, les plus faibles niveaux observés depuis l’épisode de la pandémie de Covid-19. L’occasion ici de revenir sur la nature d’une des statistiques les plus suivies par les marchés financiers.
Tous les mois, le BLS publie différents types de mesures de l’emploi issues de deux enquêtes distinctes, l’enquête des ménages (Household Survey) pour les données de statut de l’emploi et de taux de chômage, et l’enquête auprès des établissements (Establishment Survey) pour les données d’emploi par industrie (ou Non Farm Payrolls - NFP). Toutefois, les données d’emploi par secteur les plus fiables aux Etats-Unis reposent sur le programme de recensement trimestriel des emplois et des salaires (QCEW), qui collecte les données depuis le système fiscal d’assurance-chômage des Etats fédéraux couvrant plus de 12 millions d’établissements pour près de 156 millions employés. Etant donné le périmètre de ce recensement, les contraintes de collecte mensuelles rendent impossible une publication exhaustive sur cette fréquence. Aussi, le BLS produit son enquête mensuelle auprès des établissements sur la base d’un panel de 121 000 entreprises et agences gouvernementales, pour
près de 631 000 sites d’emplois.
De ce fait, la donnée des emplois publiée le premier vendredi du mois suivant connaît de nombreux ajustements consécutifs : 2 mensuels (sur les publications des 2 mois suivants), qui intègrent l’amélioration des taux de collecte des échantillons et une réévaluation des facteurs saisonniers, ainsi que des ajustements annuels, qui réalignent ces estimations mensuelles sur le « Benchmark » du recensement trimestriel, corrigeant les e reurs d’estimations liées aux évolutions des créations ou des faillites des entreprises sur la période et les erreurs de saisies potentiels cumulées. Ainsi depuis 1979, il existe un écart moyen (en absolu) de près de 83 000 postes entre le dernier chiffre publié par le QCEW et la première estimation des NFP, pour des variations d’emplois (créations et destructions) en moyenne sur la même période de 258 000 postes. Des ajustements loin
d’être négligeables étant donné la sensibilité de cet indicateur, expliqués davantage par l’influence des cycles économiques sur ces estimations que par la couleur politique de l’administration.
Au-delà, ces éléments nous rappellent que la plupart des statistiques macroéconomiques ne sont pas des décomptes exhaustifs réels, mais des estimations basées sur des panels visant à retranscrire le plus fidèlement possible cette réalité. Dans ce cadre, il est impératif d’étudier ces données avec recul et prudence, et d’appuyer la veille conjoncturelle par une analyse structurelle des tendances de long terme des économies. Une discipline qui est nôtre au quotidien dans le décryptage de notre environnement et l’élaboration de nos Perspectives Economiques et Financières.
Rédigé par :

Frédéric KLEISS
Responsable des Recherches
Sommaire
Analyse de l’évolution des marchés :
- Obligataire par Matthier OHANA
- Actions Europe par Chicuong DANG
- Actions Internationales par Kenn GAGNON
- Le regard de l'analyste par Victor PARLOV
Analyse Suivi Macroéconomique :
- États-Unis par Eloïse GIRARD-DESBOIS et Louis MARTIN
- Europe par Eloïse GIRARD-DESBOIS
- Asie par Louis MARTIN