"OnDécrypte l'Hebdo" - Le Royaume-Uni face au défi d’une dette coûteuse
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Découvrez l'intégralité de notre suivi des marchés de la semaine - 22 septembre 2025
Les marchés obligataires britanniques offrent une illustration éclatante des tensions auxquelles sont confrontées les autorités économiques et monétaires occidentales. La réunion de septembre 2025 de la Banque d’Angleterre a mis en évidence cette fragilité. Si la banque centrale a choisi de maintenir son taux directeur à 4 % après trois baisses cette année, en raison notamment d’une inflation persistante, elle a surtout infléchi sa stratégie de resserrement quantitatif. La réduction du bilan, jusqu’ici fixée à 100 milliards de livres par an, sera ralentie à 70 milliards entre octobre 2025 et septembre 2026. Signe d’une prudence nouvelle, les ventes d’obligations d’État longues ne représenteront plus que 20 % du total, afin de calmer des
marchés déjà sous tension, où les rendements sur 30 ans atteignent des sommets inédits depuis près de trois décennies.
Cette décision s’inscrit dans un contexte de recomposition plus large de la gestion de la dette. Le Debt Management Office a déjà réduit la part des émissions très longues, confronté à un désintérêt croissant des fonds de pension. L’État britannique n’a guère de marge de manœuvre : après cinq mois d’exercice fiscal, le déficit atteint déjà 83,8 milliards de livres, soit 11,4 milliards de plus que prévu. Les recettes fiscales progressent, mais elles sont plus que compensées par des dépenses sociales soutenues et une charge d’intérêts croissante. De plus, les pertes liées aux ventes de gilts par la BoE gonflent également les dépenses.
Le gouvernement, à l’approche du budget d’automne, doit composer avec des contraintes budgétaires de plus en plus sévères. Réconcilier discipline financière, financement des services publics et stabilité des marchés est un exercice d’équilibriste. Dans l’immédiat, la courbe des taux s’est pentifiée, reflet d’un coût d’emprunt de plus en plus lourd sur le long terme. Même si les rendements se sont légèrement repliés depuis leurs récents sommets, leur niveau demeure critique. Le Royaume-Uni se retrouve face à une équation redoutable : gérer une dette onéreuse dans un environnement où la confiance des investisseurs s’effrite.
Rédigé par

Eric LE COZ
Responsable Mandats Taux
Sommaire
Analyse de l’évolution des marchés :
- Obligataire par Tanguy JOUANNEAU
- Actions Europe par Sébastien LEVAVASSEUR
- Actions Internationales par Stéphane DARRASSE
- Le regard de l'analyste par Félix LAROCHE
Analyse Suivi Macroéconomique :
- États-Unis par Sébastien BERTHELOT
- Europe par Eloïse GIRARD-DESBOIS et Jean-Louis MOURIER
- Asie par Louis MARTIN
