Environnement économique - juillet 2025

Environnement économique

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L’incertitude demeure malgré l’annonce d’accords commerciaux

Nos perspectives économiques et financières

Aux Etats-Unis, la nouvelle administration s’inscrit dans la continuité des précédentes, avec la volonté de défendre et asseoir les avantages compétitifs du pays et à en réduire les vulnérabilités dans un monde où son leadership est désormais contesté par la Chine. Cette politique américaine privilégie des approches bilatérales confirmant la volonté de réorganiser les échanges mondiaux sur une base plus régionale. Un mode de fonctionnement qui se généralise dans le cadre d’un multi régionalisme plus affirmé. En Europe, l’Allemagne a annoncé des réformes budgétaires historiques et un plan d’investissement important pour répondre aux défis structurels auxquels son économie est confrontée. L’ampleur des effets des plans allemand et européen sur l’activité de l’UE fait face aux défis de leur mise en place et à la compétition d’accès aux financements, enjeu de rivalité majeur à l’intérieur de la zone. Ce contexte alimente les facteurs structurels inflationnistes que nous décrivons. Cependant, nous restons vigilants sur les effets des droits de douane américains sur la dynamique de l’activité mondiale et ses effets sur l’inflation.

Le mois de juillet a été marqué par l’annonce d’accords commerciaux bilatéraux, notamment entre les Etats-Unis et leurs partenaires européen (Union européenne) et japonais. Des droits de douane de 15% s’appliqueront sur les biens importés par les Etats-Unis en provenance de l’UE et du Japon, et les deux puissances se seraient engagées à investir 1150Mds$ sur le sol américain. Par ailleurs, la Réserve Fédérale, la Banque centrale européenne et la Banque du Japon ont toutes trois favorisé le statu quo durant leur réunion de juillet. Concernant l’activité, la croissance reste bien orientée aux Etats-Unis et en Chine, malgré quelques signes de ralentissement, mais est bien plus faible en zone euro. Sur le marché des changes, l’euro s’est déprécié de 5,34% sur le mois contre le dollar, à 1,1446. Le prix du baril de Brent a augmenté de 7,28% par rapport au mois précédent, à 72,53$.

ameriqueAux Etats-Unis, le PIB a nettement rebondi au deuxième trimestre (+0,7% en glissement trimestriel) après le recul enregistré au trimestre précédent. L’impact du commerce extérieur est une nouvelle fois significatif, puisque les importations ont fortement chuté au deuxième trimestre, après leur forte hausse en début d’année en anticipation des droits de douane. En-dehors de ce bruit lié à la politique commerciale, la demande finale domestique (consommation et investissement privé) reste bien orientée, mais une tendance à la décélération se confirme. La hausse des droits de douane commence à se répercuter sur la croissance des prix à la consommation. Celle-ci a augmenté à 2,7% en juin (contre 2,5% en mai) et les catégories de biens les plus exposés aux importations (tels que les pièces automobiles détachées ou les équipements de maison) enregistrent une hausse de prix significative. Hors alimentation et énergie, la croissance des prix passe de 2,8% à 2,9%, confirmant la persistance des pressions inflationnistes. Dans ce contexte, la Réserve Fédérale a laissé ses taux directeurs inchangés pour la 5ème fois consécutive et a maintenu une communication prudente. Sur le plan commercial, des accords ont été annoncés avec l’Union européenne et le Japon, qui seront soumis à des droits de douane de 15%, et plusieurs autres pays d’Asie. Enfin, la « One Big Beautiful Bill » a été entérinée par la Chambre des représentants, après son vote au Sénat. Le texte comprend la pérennisation des baisses d’impôts de 2017 et des réductions temporaires d’autres impôts (qui échoiront à la fin du mandat de Donald Trump). Le Congressional Budget Office (CBO) a réévalué le déficit issu de ce projet, dont il estime désormais qu’il augmentera la dette fédérale américaine de 3 400Mds$ d’ici 2034.

EuropeAu Royaume-Uni, les tensions inflationnistes perdurent. L’inflation a en effet augmenté en juin à 3,6% (contre 3,4% en mai), bien au-dessus de la cible des 2% de la Banque d’Angleterre, dans un contexte de hausse des salaires toujours dynamique. Concernant l’activité, l’enquête PMI du mois de juillet signale un ralentissement de l’économie, pénalisée par une moindre croissance du secteur des services, et une nouvelle contraction de l’activité manufacturière. En zone euro, l’activité a nettement ralenti au deuxième trimestre. Le PIB a en effet progressé de 0,1% en glissement trimestriel, contre 0,6% le trimestre précédent. L’Allemagne et l’Italie, davantage exposés aux Etats-Unis, ont enregistré une contraction du PIB de -0,1%. A l’inverse, la progression du PIB de l’Espagne (+0,7%), et dans une moindre mesure celui de la France (+0,3%), reste dynamique. Du côté des prix, l’inflation a légèrement augmenté en juin à 2,0%, soit le niveau cible de la Banque centrale européenne (BCE), tandis que l’inflation sous-jacente est restée stable à 2,3%. Dans ce contexte, la BCE a maintenu ses taux inchangés après avoir procédé à huit baisses de taux en un an. Les incertitudes entourant les droits de douane se sont par ailleurs en partie dissipées, puisque les Etats-Unis et l’Union européenne sont parvenus à un accord, même si des différends demeurent. Si les deux partis se sont entendus sur un droit de douane américain de 15% pour les biens en provenance de l’UE, la Maison Blanche affirme que l’UE investira 600Mds$ sur le sol américain et achètera 750Mds$ de biens américains, notamment énergétiques, ce qui n’a pas été confirmé par Bruxelles.

AsieEn Chine, la croissance économique s’est quelque peu modérée mais reste vigoureuse à +1,1% en glissement trimestriel, après +1,2% au trimestre précédent. Néanmoins, les données d’activité continuent d’illustrer un déséquilibre entre vigueur de l’offre et faiblesse de la demande, ce qui se traduit par une hausse de l’excédent commercial chinois. En dépit de la baisse de l’indice PMI en juillet, le Politburo (organe décisionnel du Parti communiste chinois) s’est montré plus optimiste sur la croissance à court terme à l’issue de sa réunion économique. Au Japon, la coalition gouvernementale a perdu sa majorité absolue à la chambre haute du parlement, après l’avoir déjà perdu à la chambre basse en octobre dernier. Le Premier ministre Ishiba souhaite néanmoins continuer d’occuper ses fonctions, notamment pour mener à bien les négociations commerciales avec les Etats-Unis. Un accord de principe a été conclu entre Tokyo et Washington à la fin du mois, qui impose des droits de douane de 15% sur les importations japonaises, y compris l’automobile. En parallèle, le Japon s’est engagé à une hausse des investissements des entreprises japonaises aux États-Unis à hauteur de 550 Mds$.

Rédigé par :

Eloïse GIRARD-DESBOIS

Chargé d'Etudes Macro-Economiques

4 août 2025