"OnDécrypte l'Hebdo" - Prime(s) de risque

Perspectives Économiques et Financières

Temps de lecture : 13 min

Découvrez l'intégralité de notre suivi des marchés de la semaine - 8 octobre 2025

L’année 2025 entretient les dynamiques profondes d’évolutions du monde que nous décrivons depuis de nombreux trimestres. Plus de régionalisme, moins de coopération, plus d’inflation, moins de marges de manœuvre pour les banques centrales…

Or, depuis 2008, les investisseurs ont appris à envisager le risque à l’aune du soutien sans faille des banques centrales en cas de péril. Plus récemment, les États ont également fait montre d’une volonté de s’endetter de façon quasi-inextinguible pour faire face aux dangers naissants ou manifestes. Enfin, ces actions ont été souvent concertées à l’échelle globale. Sauvés en dernier recours, les investisseurs se sont adaptés. Ils ont réévalué les primes de risque.

L’aléa moral a-t-il disparu ?

Les évolutions actuelles, que nous dépeignons, n’y font rien. L’épisode des droits de douane, nouveau symptôme de la remise en cause de la coopération globale, a été absorbé. Le questionnement sur le déclenchement, lors de crises, des lignes de Swaps en dollar pour les banques centrales hors États-Unis n’a pas inquiété. Pourtant, ces évolutions sont de nature à remettre en question l’analyse et la valorisation actuelle de la prime de risque ! De son côté, le secrétaire au trésor, M. BESSENT, a récemment remis en question certaines interventions de la Réserve fédérale :

 « l’utilisation excessive de politiques non-standards » a créé « ce qui s’apparente à un filet de sécurité de facto pour les propriétaires d’actifs » ce qui a « concentré la richesse nationale, (…). A l’avenir, la Fed doit réduire ces distorsions qu’elle provoque dans l’économie ».


Par ailleurs, quel serait aujourd’hui un actif sans risque ? la réponse évolue nécessairement dans un monde qui se régionalise, moins coopératif ! D’ailleurs, ces interrogations se matérialisent sur les marchés financiers, quelle que soit la classe d’actifs.

Sur les marchés de taux, la France emprunte plus chère que la Grèce, au même taux que l’Italie alors que les notations restent différentes ! Certaines entreprises françaises s’endettent à des niveaux inférieurs à ceux de la France ! Plus généralement, les spreads de crédit se contractent de façon historique par rapport aux États malgré les défis d’adaptation auxquels font face les sociétés. Les dynamiques idiosyncratiques perçues régissent les flux et le prix des actifs ! Sur les bourses, les hausses récentes de certaines entreprises américaines consécutives à des annonces de contrats liées à l’IA reposent sur l’idée que les risques de financement et d’exécution sont faibles ! La confiance est forte … ou la perception du risque faible.
Cela nous enseigne que les notions de primes de risque sont mouvantes dans le temps ! La remise en cause de préceptes que certains perçoivent immuables depuis la crise économique et financière de 2008 pourrait à nouveau pousser à réévaluer en profondeur le risque de chacune des classes d’actifs et de leurs composants. Et pendant ce temps là l’or bat des records … Dans cet environnement, il est donc impérieux de conserver une vigilance et une agilité fortes afin de gérer ces aléas de façon rigoureuse.

Rédigé par
Jacques-André NADAL

Jacques-André NADAL
Directeur Adjoint des gestions

Sommaire

Analyse de l’évolution des marchés :
  • Obligataire par Lucas COUVERT
  • Actions Europe par Chicuong DANG
  • Actions Internationales par Jean Dominique SETA
  • Le regard de l'analyste par Henry MILLER
Analyse Suivi Macroéconomique :
  • États-Unis par Sébastien BERTHELOT
  • Europe par Eloïse GIRARD-DESBOIS et Jean-Louis MOURIER
  • Asie par Louis MARTIN
    • Focus : Sanae Takaichi devrait prochainement être nommée Première ministre du Japon par Louis MARTIN