"OnDécrypte l'Hebdo" - PIB et Durabilité

Perspectives Économiques et Financières

Temps de lecture : 12 min

Découvrez et téléchargez l'intégralité de notre suivi des marchés de la semaine - 23 décembre 2024

Rédiger par

Frédéric Kleiss
Responsable du pôle Recherche & Coordination
Le 23 décembre 2024

Sommaire

Analyse de l’évolution des marchés :
  • Obligataire par Charles Lepic
  • Actions Europe par François-Xavier de Gourcy
  • Actions Internationales par Kenn Gagnon
  • Le regard de l'Analyste par Victor Labate
 
Analyse Suivi Macroéconomique :
  • États-Unis par Sébastien BERTHELOT
  • Europe par Eloïse GIRARD-DESBOIS et Jean-Louis MOURIER
  • Asie par Louis MARTIN

Découvrez notre suivi des marchés

Le 05 novembre dernier, l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE) publiait officiellement les premiers comptes nationaux dits « augmentés ». Cette nouvelle approche vise, selon l’Insee, à éclairer davantage la lecture de l’activité économique en intégrant les conséquences que celle-ci peut avoir sur les dimensions sociales et environnementales.

Cette publication est l’aboutissement d’un travail de longue haleine. En effet, depuis de nombreuses années, à mesure que les enjeux de durabilité se sont fait croissants, de nombreux experts ont régulièrement critiqué la pertinence de l’observation de la seule croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) comme indicateur de bien être social, mais également sa pertinence au regard des enjeux liés à la limitation du changement climatique. Ce fut en outre le cas de la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi, créée en 2008 à l’initiative du président Sarkozy, ou encore des études de Gadrey et Jany-Catrice de 2007 ou de Méda en 1999 parmi les travaux français. Il apparaissait ainsi important pour l’Insee de pouvoir proposer des éléments de lecture complémentaire au PIB en réponse à ces questionnements.

Aussi, sur le volet social, l’Insee complète désormais sa vision de la décomposition des revenus des ménages par catégories (niveau de vie, tranche d’âge, diplôme, sexe, configuration familiale etc…) par une vision de la consommation et de l’épargne. Ces éléments permettent, à titre d’exemple, de jauger l’efficacité du mécanisme de redistribution des revenus. Ainsi en 2022, le revenu national net des 10% des personnes les plus aisées était près de 24 fois plus élevé que pour les 10% les plus modestes, un multiple toutefois réduit à 3,8 fois après impôts, prestation sociales et prise en compte des services publics. Ces nouveaux éléments vont permettre à l’Insee de proposer un indicateur dit de « croissance équilibrée » présentant la moyenne des évolutions de revenu par dixième de niveau de vie, qui proposera une lecture plus proche du « vécu » des ménages au regard de leur revenu.

Sur le volet environnemental, l’institut a dévoilé de nouveaux éléments sur les calculs d’émissions de gaz à effet de serre (GES) et d’empreinte carbone pour la France en 2023, intégrant à la fois les émissions résidentes, mais également une nouvelle mesure de l’empreinte reflétant davantage les consommations et les investissements des agents économiques français. Des travaux exploratoires portent aussi sur la prise en compte des coûts implicites entrainés par les émissions de GES générées par l’activité économique et obérant la qualité du patrimoine transmis aux générations futures. Ces indicateurs « ajustés » (Produit Intérieur Net Ajusté - PINA et Epargne nette Ajustée - ENA) permettent ainsi de questionner la soutenabilité environnementale de l’activité économique. En effet, un des enjeux de la lutte contre le changement climatique est la conciliation entre une approche analytique se focalisant sur le concept de recherche de croissance économique perpétuelle et un environnement fini, déterminé par les limites planétaires. Un enjeu également pour les acteurs financiers qui sont plus que jamais mis à contribution par les autorités publiques pour engager les autres acteurs économiques dans cette transition écologique.